C'était il y a trois ans et demi, j'avais vingt-trois ans et quelques mois, et il en avait vingt-cinq. On s'est rencontré au boulot, pour une affaire de meurtre. Il venait de se faire muter à Sacramento, il était complétement dépaysé. En même temps, New-York, c'était tout de même bien différent de la Californie. David venait donc tout juste d'arriver, et il a suffit d'un regard. Je suis arrivée au bureau, un matin, comme tous les jours. C'était un lundi, et mon collègue a dit qu'il y a avait un nouvel arrivant dans l'équipe. J'avais soupiré, me disant que comme toujours, on ne s'entendrait pas. Ça a été tout le contraire, tout de suite, il n'a fallut pas plus que quelques secondes. On a su. J'étais entrée dans le bureau, il était là, adossé au mur, parlant avec un autre de mes collègues, et il avait tourné la tête vers moi. Je me souviens du sourire qu'il m'a adressé ce jour-là. Certainement le plus beau que l'on ne m'ait jamais fait. Vous me trouvez trop romantique ? C'est que je le suis, enfin, à petite dose quand même, et je le suis moins depuis quelques temps, mais je reviendrais sur ça un peu plus tard. Mais c'est ce sourire qui m'a fait tomber amoureuse, ce premier sourire. Aucune parole ; rien. Ça pouvait paraître ridicule, mais c'était réellement le coup de foudre, celui que l'on ne rencontre qu'une seule fois dans sa vie. Pourtant, ça n'a pas été aussi simple que ça. À vrai dire, on a mis un an avant de nous avouer nos sentiments l'un pour l'autre, et durant tout ce temps, durant son arrivée et la première fois où l'on s'est embrassé, on était de très bon amis. Nos collègues nous disaient toujours qu'on finirait ensemble. Je l’espérais dans le fond, et puis c'est arrivé. Sans que ça nous prévienne d'ailleurs.

flash back

Il était tard, la nuit était tombée sur Sacramento. La journée avait été éprouvante, et j'étais encore au bureau, je devais être la dernière d'ailleurs. Lorsque je sortis de mon bureau, je vis celui de David qui était allumé. Je m'aventurais à aller lui dire au revoir. Je toquais doucement, il relevait les yeux vers moi. Il avait une petite mine, ce qui devait être aussi le cas pour moi. « David, je voulais te dire... Merci. Pour tout à l'heure. » « Ne me remercie pas pour ça, tu as risqué ta vie. J'ai eu peur. » Je lui souriais, les larmes aux yeux. J'avais eu peur aussi, j'avais vraiment risqué ma vie, ça oui. Comme beaucoup de fois, sauf que là, il n'en aurait pas fallut plus pour que ça tourne au drame. Il m'a prit dans ses bras, et je posais ma tête sur son torse. Son odeur, son cœur qui battait contre mon oreille. Je relevais la tête vers lui, plongeait mes yeux dans les siens, et l'embrassait doucement. J'étais pétrifiée, j'avais perdue tous mes moyens, et lui semblait ne pas être plus à l'aise. Lorsque je me détachais de ses lèvres, on se regarda un long moment, puis ce fut lui qui m'embrassa à nouveau.

fin flash back

Six mois plus tard, on se mariait. Nous vivions dans le bonheur parfait, le bonheur recherché par tout le monde. J'étais heureuse et épanouie, et ce jour-là fut le plus beau de toute ma vie. Absolument tout, ce jour-là, était parfait. Les témoins, David, les invités, la salle, la décoration des tables, la musique, le temps. Et je devenais madame David Hill- Smith. Dans ma belle robe écrue, mes cheveux bruns bouclés remontés en un chignon, je me demandais si je ne vivais pas un rêve éveillé. Plusieurs fois dans la journée je me suis pincée pour savoir si vraiment tout cela était réel. Et David se moquait de moi, et moi, moi je riais comme une enfant qui découvre ses cadeaux sous le sapin le matin de Noël. On vivait le parfait amour, il n'y avait aucune ombre au tableau, pour l'instant. J'étais comblée autant professionnellement que dans ma vie privée. Ce qui manquait ? Un enfant, bien entendu. Et ce jour-là est arrivé, ce jour où j'ai vu ces deux barres sur le test de grossesse. J'étais au boulot, David était à quelques mètres de là. Je lui ai annoncé à l'endroit même où nous nous étions embrassés la première fois un an et demi plus tôt. C'était il y a quelques mois, quatre au grand maximum. Nous avons tous les deux hurlé de joie lorsque je lui ai dit, et en quelques minutes, tout le centre était au courant, et tout le monde nous félicitait à droite à gauche. C'était un an et quelques mois après notre mariage. Mais le bonheur ne dure pas, comme on dit. Et on en a fait les frais. C'était il y a deux mois, j'étais enceinte d'à peine trois mois. C'est sur une mission que tout a dérapé. Je n'aurais pas du être là, j'avais dit que c'était ma dernière mission, après j'arrêtais pour me reposer. Mais le destin a choisit de me pourrir la vie, le destin a voulu qu'aujourd'hui, je me retrouve avec une cicatrice sur le ventre, et sans bébé à l'intérieur. Je me suis fait tirer dessus, ce jour-là, et c'est notre enfant qui a prit la balle, et j'aurais pu mourir aussi. David me tient responsable pour la mort de notre bébé, et moi je n'arrête pas de culpabiliser. Avec David, on ne se parle plus vraiment, on ne couche plus ensemble, on dort juste l'un à côté de l'autre. En même temps, je ne veux plus qu'il me touche, le traumatisme est encore bien trop présent. C'est encore trop tôt, et je suis en train de perdre mon mari, après avoir perdu mon enfant.