« Maman, je te présente mon nouveau petit-ami. » En réalité je connais pas du tout ce gars, je viens à peine de le rencontrer dans un bar pas loin d'ici. Détrompez-vous, je suis pas du genre pétasse qui couche avec le premier venu, j'ai juste un besoin constant d'énerver ma mère au plus haut point. Ça ne dérange pas ma mère que j'ai un petit-ami, seulement pour elle l'apparence compte plus que tout. Et le compte en banque aussi. S'il n'est pas bien habillé, s'il n'a pas de bonnes manières, si elle n'a jamais entendu parler de lui, alors il n'est pas fréquentable et ce serait une injure à la famille que je sorte avec lui. Voilà ce qu'elle dirait. Elle n’attache d'importance qu'à l'image que renvoient les gens, elle n'essaie même pas de les connaitre et je trouve ça pathétique. Je ne m'entends pas vraiment avec elle, elle est beaucoup trop superficielle. Je peux pas dire que je ne l'aime pas, elle reste ma mère, mais nous n'avons pas la même façon de voir les choses et on est souvent en conflit à cause de ça.
« Lui ? Ton petit-ami ? Hors de question ! Retournez chez vous jeune homme, elle ne sortira pas avec vous. » La délicatesse ne fait pas parti des qualités de ma mère, ça c'est sûr.
« Je sors avec qui je veux, c'est pas à toi de décider pour moi. » « Tu veux passer pour une trainée c'est ça ? Tu ne sortiras qu'avec des fils de bonnes familles, je ne veux pas que tu gâche ton avenir. » « Mon avenir ? Tu te fous de moi. Tu as juste peur de ce que vont dire les autres, tu ne fais attention qu'aux apparences, tu ne prends même pas la peine de parler aux gens. » « De toute façon tu n'as pas à discuter, avec ton père nous avons déjà arrangé ton mariage avec un garçon charmant, quelqu’un de respectable. Tu devras faire avec. » Faire avec. Elle m'annonce ça comme ça, je suis forcée de me marier avec quelqu'un que je ne connais même pas et elle m'annonce ça comme ça. Si j'avais pu me désintégrer à ce moment c'est ce que j'aurais fais. Je vais me marier. Je n'ai jamais pensé que mes parents auraient été capable de me faire ça, je savais très bien qu'il me faudrait leur accord sur la personne avec qui je finirais, mais de là à ce qu'ils organisent mon mariage sans que je puisse dire un mot ...
« Garde-le ton petit sourire de merde, j’en veux pas. C’est tout ce que tu sais donner toi, des petits sourires pour embrouiller les gens ... Garde-le va, garde-le. Tu finiras toute seule dans ton donjon avec tes crayons de couleur et ce sera bien fait pour ta gueule. »
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Le jour J. Ça devrait être le plus beau jour de ma vie, mais pour moi c'est l'enfer. Un mariage c'est censé renforcer un couple qui s'aime sauf que je ne sais pas si j'aime mon mari. Pourquoi ? Parce que je vais le rencontrer aujourd'hui. Je sais pas du tout à quoi il ressemble et on s'en fout parce que même si je le trouve horrible, je suis obligée de l'épouser.
Selon la tradition je porte quelque chose de neuf, ma robe, quelque chose de vieux, une bague de ma grand-mère, quelque chose de bleu, la jarretière et enfin quelque chose de prêté, un bracelet de ma meilleure amie. Je me trouve vraiment pas mal, c'est déjà ça, au moins ça me fera de belles photos de moi à montrer. Ça y est, c'est l'heure, mon cœur bat à cent à l'heure, j'ai une folle envie de reculer, je ne veux pas y aller, je ne veux pas avancer dans cette allée, je ne veux pas que tous les regards se tournent vers moi, je ne veux pas que
son regard se tourne vers moi. Qu'est-ce qu'il va dire ? Qu'est-ce qu'il va penser ? Oh mon dieu, je déteste mes parents. Finalement je me lance, de toute façon plus vite j'y vais, plus vite ce sera fini. Je trouve ça vraiment bizarre, pourquoi ça m'arrive à moi ? Rencontrer son mari le jour de son mariage, c'est impossible, tout s'embrouille dans ma tête, je vais finir par me casser la gueule devant tout le monde et j'aurais pas l'air conne. Adieu les belles photos de ma robe, bonjour les photos de ma gamelle. Je me décide enfin à lever la tête. J'ai de la chance, il est plutôt mignon, pas mal beau gosse même, au moins un avantage. Je ne fais même pas attention à ce que dit le prêtre, je le regarde fixement, je dis avoir l'air d'une attardée avec les yeux grands ouverts, mais je flippe.
« Oui, je le veux. » Ces mots sortent de ma bouche machinalement, sans que j'y réfléchisse, ma mère m'a tellement appris à les répéter.
« Oui, je le veux. » Je ne le veux pas et lui non plus, ça se voit. A l'intérieur de mon crane une voix me crie de partir en courant, de m'enfuir, mais je ne peux pas, je ne suis pas assez courageuse pour affronter ma mère. Elle me tuerait, je ne veux pas mourir. Tout s'est passé comme elle l'avait prévu, pas le moindre faux pas. Je crois qu'une catastrophe aurait été bénéfique pour mes nerfs, j'aurais au moins pu rire un peu.
Finalement, le seul point positif de cette journée, c'est que j'ai porté une magnifique robe.
« Un mariage c’est quoi au fond ? Des beaux costards, du champ’, il suffit de mettre les petits fours au congélo, de l’alu autour du foie gras ... C’est bon ! »
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Je sais plus vraiment où j'en suis avec Tommy. Je ressens quelque chose de bizarre, quelque chose que j'ai jamais ressenti, un sentiment que j'arrive pas à définir. J'aurais jamais pensé que ça arriverai un jour, mais je me demande parfois si je l'aime ou si c'est juste que j'ai tellement eu l'habitude de faire semblant que c'est qu'une impression. Je crois pas que ce soit de l'amour, ou plutôt j'espère pas. Pour tout dire, je crois que ça me ferais chier de l'aimer, parce que je veux pas devenir ce genre de filles qui sont dépendantes à l'amour et tout ça. Les papillons dans le ventre, la jalousie, tout ça c'est pas pour moi. Et puis Tommy, c'est Tommy. On peut pas dire que ce soit le genre de mari rêvé. On a beau être mariés je sais bien qu'il va voir ailleurs, qu'il drague tout ce qui bouge, il en a rien à foutre de notre couple. Je peux pas le blâmer sur ça, moi aussi je vais voir ailleurs et pour moi non plus ce mariage n'a pas vraiment de valeur, mais d'un coté ça m'énerve. Des fois j'ai envie qu'il ne soit qu'à moi, qu'il ne pense qu'à moi. Quand je le vois avec toutes ces filles (plus moches et plus connes les unes que les autres, soit dit en passant) j'ai envie de le frapper et de lui hurler :
c'est moi ta femme ! Non je ne pas jalouse, juste ... possessive.
Merde, mais qu’est-ce que je fais à écrire dans ce journal !? J'ai l'air pathétique. Pourquoi je deviens comme ça à cause de lui, il m'énerve, je le déteste.
« Pourquoi tu fais tant de mal à ce pauvre crayon de bois ? » Je sursaute, qu'est-ce qu'il fait là lui ? Je regarde mon crayon, je l'ai cassé sans m'en rendre compte.
« Qu'est-ce que tu veux Tommy ? » « T'énerve pas, je venais juste voir ce que tu fais. Et aussi te prévenir qu'on a une invité. » Qu'est-ce que ça peut me faire, ça doit encore être une poupée gonflable qu'il va jeter dans quelques heures, il peut rêver pour que je descende.
« Encore une de tes pétasses. Je vois pas pourquoi j'irai la voir. » « Ouais une pétasse comme tu dis, mais celle là je coucherais pas avec, l'inceste c'est pas mon truc. » Il prend ses aises et s'allonge à coté de moi, comme si c'était son lit. J'ai jamais compris pourquoi il détestait sa sœur et pourquoi sa sœur le détestait également. Aucun des deux ne veut me dire ce qui s'est passé. Malheureusement pour eux, ils sont obligés de se supporter, sa sœur est ma meilleure amie alors ils se voient forcément.
« Dégages de mon lit. » « J'ai un peu de temps devant moi, je peux aussi lui dire de partir, à moins que tu veuilles qu'elle t’entende prendre ton pied. » Il écoute même pas ce que je lui dit, comme d'habitude, alors je le dégage moi même et il se retrouve à terre.
« Va te faire voir, on fera jamais rien ensemble. » J'avoue que s'il m'énervait pas autant, je lui aurais sans doute sauter dessus, il a pas un physique déplaisant, au contraire. Il se lève et vient m'embrasser dans le cou avant de sortir de ma chambre. Il fait ça à chaque fois, juste pour m'énerver, que ce soit en public ou en privé, j'ai fini par le laisser faire, je peux pas dire que ce soit désagréable.
« JE TE DÉTESTE ! »« Le problème, c’est que même si tu m’disais « je t’adore » j’te croirais pas ! Je sais plus quand tu joues et quand tu joues pas. J’suis perdue ... Attends deux secondes, j’ai pas fini ... Dis-moi qu’tu m’aimes ... Dis-moi juste que tu m’aimes. Parce que moi j’oserai jamais te l’dire la première, j’aurais trop peur que tu crois qu’c’est un jeu ... »
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eh ouais déjà, JE SUIS TROP UNE BOSS ! 
)
Pas une minute à moi ! 
